À Lamballe, le spécialiste du véhicule blindé Centigon a relevé la tête

Qui sont les clients de votre entreprise Centigon et quels types de véhicules produisez-vous ?

Nous sommes à la fois concepteur et fabricant de blindages pour préserver l’intégrité balistique de véhicules civils, militaires et de transports de fonds. Nos clients sont des administrations étatiques et des entreprises privées, jamais des particuliers. Nous avons notamment une longue histoire de blindage de véhicules présidentiels et ministériels français. Plus généralement, nous blindons et personnalisons 350 véhicules par an : des 4×4, comme ceux du GIGN, des véhicules militaires ou des voitures de luxe. En ce moment, 80 % de notre activité se fait à l’export.

Depuis 2019, Centigon France blinde des cabines de camions militaires, pour le compte du constructeur suédois Scania. L’un des contrats les plus importants de l’histoire de l’entreprise lamballaise. (Centigon France)

Alors que l’entreprise était en difficulté en 2019 et 2020, quelle est la situation actuelle de Centigon France ?

En cinq ans, nous avons énormément progressé. Aujourd’hui, nous avons de la visibilité sur presque deux ans, avec un carnet de commandes rempli jusqu’à la fin de l’année 2025. Ce qui est particulièrement bien, puisque d’habitude, nous nous situons entre six mois et douze mois. Par ailleurs, nous sortons de trois exercices bénéficiaires, avec un résultat particulièrement important l’an passé. 2023 est d’ailleurs une année record pour nous, avec un chiffre d’affaires exceptionnel de 38 M€.

En 2021, grâce notamment à un prêt direct de l’État et une aide de la région Bretagne, nous avons pu investir 2 M€ dans de nouvelles machines (robot de soudure, cabine de peinture, plieuse…). Cela nous a permis d’augmenter la cadence de production, mais aussi de créer de la valeur ajoutée. Nous pouvons désormais réaliser en interne certaines tâches auparavant sous-traitées, en particulier la découpe laser et le grenaillage. Par ailleurs, nous sommes également dans un projet au long cours avec le constructeur suédois Scania. Depuis 2019, nous blindons pour eux des cabines de camions destinés à une armée européenne. Nous avons déjà fabriqué plusieurs centaines d’exemplaires de ce même produit, alors que nous produisons généralement des séries comprises entre 1 et 30 exemplaires.

Centigon France a connu des difficultés opérationnelles et financières il y a cinq ans. À l’époque, la vente était l’une des possibilités pour sortir de cette situation. Mais l’entreprise a su trouver des solutions et se redresser. Aujourd’hui, il n’est plus question de vente. Nos actionnaires, qui m’ont nommée présidente, en 2019, comptent, pour l’instant, rester nos actionnaires. Je sais que la Chine peut avoir mauvaise presse mais je peux dire que les actionnaires financent l’entreprise et ne font preuve d’aucune ingérence dans sa gestion.